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CYCLE « UN MONDE QUI BASCULE »

Peu avant la pandémie, début 2020, nous préparions le XXXème séminaire du CEDEP dans la suite de trente années de rencontres, réflexions et élaborations, initiées par Claude Louzoun autour des questions centrales des droits des patients. Nous réalisions les profonds bouleversements auxquels nous étions déjà confrontés. Le séminaire n’a pu se tenir.

Nous voulions reprendre le fil de nos échanges lors des journées prévues à Bruxelles les 10 et 11 mars derniers. Le mouvement social en France ce jour-là et une grève des transports en Belgique empêchant la plupart des déplacements, nous ont obligés à annuler, une nouvelle fois, cette rencontre.

Il est important que le CEDEP puisse continuer à vivre et à se retrouver pour échanger, débattre, défendre les droits des patients et les principes éthiques auxquels nous sommes attachés. Aussi, nous vous proposons de nous retrouver autour de trois rencontres, deux webinaires et une rencontre en présentiel, qui essayeront de travailler les problématiques qui nous mobilisent.

Le CEDEP a été créé, selon l’art 2 de ses statuts, pour promouvoir et développer les convergences critiques et créatives, au niveau européen, entre professionnels de la santé mentale, représentants des organisations de défense des droits civils et des intérêts des patients et des familles de malades mentaux, hommes de loi (magistrats, avocats, juristes, philosophes du droit), sociologues, chercheurs en sciences humaines et en santé mentale, etc. C’est à partir de l’étude des législations et des politiques de santé mentale en Europe que, depuis plus de trente ans, le CEDEP s’est régulièrement réuni pour réfléchir, débattre et proposer des interventions au niveau européen, dans le champ de la santé mentale.

Lors de la création du CEDEP, de nombreuses législations se travaillaient en Europe et essayaient de donner suite aux élans désaliénistes, portées par un esprit militant et l’espoir que le monde irait en s’améliorant… Donner la parole et leur place aux usagers de la psychiatrie, analyser les rapports de pouvoir, et l’évolution de la psychiatrie vers la santé mentale (avec sa double face de déstigmatisation et de contrôle des comportements) ont constitué les axes forts du CEDEP.

Nous sommes maintenant face à « Un monde qui bascule ». Comment continuer à penser notre engagement dans le champ de la santé mentale dans un monde qui explose de conflits, s’étouffe de l’expansion des totalitarismes, fait de l’exclusion le maître mot des politiques et se précipite dans l’effondrement climatique ?

Comment se construisent nos subjectivités, individuellement et collectivement, dans une Europe où les politiques sont libérales en économie et restrictives pour les libertés individuelles, et dans un monde où l’usage des données massives nous transforme tout en nous contraignant à réfléchir au changement des modèles en cours ? Nous vivons maintenant dans un monde mis en données qui s’affranchit du monde du probable de la modernité ; il est gouverné par une prédictibilité statistique inédite qui vise désormais nos singularités.

Cette bascule peut donner le vertige, un sentiment de perte et de chute, mais elle peut aussi nous projeter vers des voies nouvelles, dont la cartographie reste à faire.

Nous vous proposons donc de nous retrouver autour de toutes ces questions à trois reprises.

Une première fois pour un webinaire le mercredi 28 juin de 20h à 22h pour réfléchir avec Véronique Nahoum-Grappe sur la manière dont peuvent se penser tous ces points de bascule, d’inquiétudes, de combats à mener dans le contexte de la guerre en Ukraine qui nous confronte, dans notre quotidien, à l’horreur d’un conflit en Europe et ses répercussions sur les politiques, l’accueil, et nos différents engagements.

Une seconde rencontre, les 1 et 2 septembre nous permettra de nous retrouver à Bruxelles (la rencontre sera aussi accessible en visioconférence) pour mettre en perspective l’évolution des droits des patients et les questions qui se posent actuellement en termes d’accueil ou de reconnaissance de la souffrance psychique avec les problématiques qui nous désignent les points de bascule, que ce soit la prévalence du big data et l’angoisse climatique.

Enfin, un troisième temps de rencontre, de nouveau sous forme de webinaire, se tiendra en novembre à une date à fixer et sera consacré aux malades mentaux délinquants (ou aux délinquants malades mentaux) et au sort qui est le leur lorsqu’ils sont emprisonnés ou enfermés pour des temps infinis et soumis à des évaluations objectivantes du risque dont ils seraient porteurs

Nous espérons vous accueillir nombreux …

Bruno Gravier

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